T QUI TOI : entretien avec Jordan Roux, élu FFR en charge de la territorialité
Agé de 31 ans, Jordan ROUX vit « rugby » depuis sa prime enfance : fils et petit-fils de rugbymen, son
premier maillot taille « 4 ans » est couleur « tango », comme il se doit à Chalon-sur-Saône. La
passion va au-delà du jeu : encore cadet, le garçon intègre l’encadrement de l’école de rugby. Junior
Crabos à l’ABCD XV (à l’époque où l’Alliance Bourguignonne regroupe Chalon et Dijon), il obtient son
premier brevet fédéral. Il se dirige vers des études de science politique et de finances publiques
lorsque le rugby prend le dessus : l’USON lui offre l’opportunité d’une conquête de l’Ouest…de la
Bourgogne. Il investit avec fougue le champ de la formation au sein de l’Association de l’USO Nevers,
tout en validant successivement BP et DE JEPS. C’est à Macon qu’il poursuit son parcours en
2017 avec pour objectif la création d’un Centre d’Entraînement Labellisé. Huit mois après, le Centre
fonctionne et est labellisé dès sa première année de fonctionnement. Insatiable quand il s’agit de
rugby, l’année de ses 18ans, Jordan est aussi élu au comité départemental de Saône et Loire et au
Comité de Bourgogne
A 25 ans, il se voit confier la direction générale et administrative de la Ligue Bourgogne Franche
Comté. Trois ans après (2021), il est recruté par le RC Vannes en qualité de directeur de l’Association.
Il se considère toujours « résident » du Morbihan, même si ses nouvelles fonctions d’élu à la FFR
depuis 2023 lui valent de partager l’essentiel de son temps entre Marcoussis et la France entière, y
compris les territoires d’Outre-Mer, au sujet desquels il souligne l’importance des enjeux, au premier
rang desquels la prise en compte des réalités locales dans le développement de la « culture » rugby
et la nécessité d’accompagner les déplacements intra-zone pour créer des synergies entre les
territoires.
Ce parcours, cohérent bien qu’exceptionnel, a forgé quatre convictions fortes qui guident l’élu
chaque jour :
– La vie s’ordonne au gré des rencontres humaines. Depuis 2010, son « mentor », devenu ami
indéfectible, est Jean-François CONTANT, président de la Ligue Bourgogne Franche Comté.
C’est à lui qu’il doit d’autres rencontres décisives et notamment : Pierre CAMOU puis, grâce à
lui, Florian GRILL…
– L’organe essentiel du rugby français est le club, avec deux composantes majeures : ses
bénévoles et l’écosystème dans lequel il doit être ancré au sein de son territoire.
– Le dirigeant fédéral doit être en permanence en action au service des clubs et des différents
échelons de l’organisation fédérale en respectant trois principes : Disponibilité, Proximité,
Simplicité.
– L’action fédérale exige de ses élus un contact continu (présence sur « le terrain » chaque
semaine) avec les forces vives du rugby français qui doivent inspirer et nourrir la politique
fédérale.
Ses missions d’élu fédéral en charge de la territorialité le placent sur les champs d’action de
Sébastien Carrez, vice-président chargé du développement et des territoires, et de Jean-Marc
Lhermet vice-président chargé du haut niveau et de l’arbitrage.
Son champ d’intervention est très large :
– Articulation entre politique fédérale, stratégies régionales et départementales et projets des
clubs.
– Développement du rugby sous toutes ses formes : le 5, le 7…
– Le rugby inter-entreprises
– La citoyenneté, l’emploi, les quartiers relevant de la politique de la ville, les zones rurales, le
rugby santé
– La filière d’accès au haut niveau : la détection, les centres de suivi, les générations bleues et
les stages élite, les APER
Bien que particulièrement engagé depuis de nombreuses années dans différentes instances,
l’exercice de son mandat national lui a permis de prendre conscience plus concrètement des
exigences de l’organisation fédérale en termes de compétences et de dévouement, et de
l’importance des collaborateurs salariés. Si les marges de progrès sont réelles, comme dans tout
système, le bourguignon préfère voir le verre à moitié plein et y déceler l’expression d’un corps
puissant et bien charpenté !
Jordan Roux connaît bien les légitimes ambitions des associations adhérentes à l’APARE et le rôle
qu’elles ont à jouer face au défi majeur que constitue la conjugaison de deux objectifs vitaux :
assurer le développement de la pratique et être toujours plus performant sur la filière d’accès au plus
haut niveau. Dans un écosystème « rugby » qui évolue fortement et rapidement, quelques principes
lui paraissent évidents :
– Ne pas galvauder les valeurs du rugby : le respect, le partage, l’entraide, qui portent en elles
le ferment du citoyen de demain
– Le jeune, joueuse ou joueur, doit être le « cœur de cible » de la politique de formation
– L’équilibre entre plaisir de jeu et rigueur de la formation doit être constamment recherché
– Le projet du jeune est multidimensionnel et son accompagnement ne saurait se limiter à
l’aspect rugby ; au-delà des études en école ou université longtemps privilégiées, il convient
d’investir d’autres champs : l’apprentissage, le e-learning, mais aussi l’accompagnement
social qui dépasse les questions de logement et de restauration
– Le jeune (F ou G) doit jouer à son meilleur niveau, qui n’est pas forcément le « plus haut
niveau ».
– Le « club phare » sur son territoire a une responsabilité dans la recherche d’équilibre, en lien
avec les clubs, comités départementaux et les ligues régionales : cohérence des choix au
regard des éléments (évolutifs !) recueillis lors des détections, plans de succession (ne pas
agglutiner tous les talents au même endroit), constructions d’équipes permettant à chacun(e) de jouer et de progresser à son meilleur niveau
– L’objet social originel de nos clubs (permettre la pratique du rugby et à travers elle
contribuer à la formation des corps et des esprits) demeure mais dans un environnement qui
l’appelle sur de nouvelles formes de développement et d’engagement: éducation,
citoyenneté, santé, sport adapté, emploi, politiques sociales et territoriales (QPV ZRR…).
Les politiques publiques (nationales ou départementales) privilégient ces thèmes, avec des
conséquences (contraintes et opportunités) en termes de financement.
La « fédération à missions » que veut être la FFR se doit d’accompagner les clubs dans ce
contexte…
L’APARE (Alliance des Présidents et des Associations de Rugby de l’Elite) est un partenaire essentiel de la Fédération tu le perçois comment ?
Les différentes avancées récentes démontrent qu’il faut partager, échanger et construire des choses en commun, tout part de la base des clubs.
L’APARE doit travailler de concert avec l’ensemble de ses associations affiliées, parler d’une seule voix lui permettra d’avancer et de jouer ce rôle de rassemblement et d’alliance.
Cette structure doit continuer à être une force de proposition et d’actions pour le développement du rugby en lien avec l’ensemble des clubs.
Au-delà du rôle de représentation, la structure est en pleine évolution et se structure pour répondre aux enjeux de demain.