Entretien avec Nathalie Janvier, chargée de mission bénévole à la FFR sur Campus 2023 et les
services civiques
Qui êtes vous, Nathalie Janvier ?
Je suis une enseignante (Professeur d’éducation physique et sportive), dont le papa a longtemps
œuvré comme dirigeant bénévole dans le football. C’est lui qui m’a inculqué, le premier, un certain
nombre de règles de vie et de comportement autour de la notion d’engagement, et c’est à son
contact que je me suis forgé une conviction : le sport est une formidable source d’accomplissement
personnel. Mes premiers pas dans le rugby ont été faits aux côtés de mon époux, avec lequel j’ai
dirigé l’école de rugby du CS Bourgoin Jallieu pendant 6 ans, avant de m’investir dans la filière
fédérale, en commençant tout naturellement par le comité départemental, qui à l’époque n’en était
pas vraiment un puisque limité au « Nord Isère ». Plusieurs étapes ont jalonné le parcours qui a suivi,
avec des rencontres déterminantes : Comité du Lyonnais avec Daniel Falque, Comité directeur de la
FFR en 2004, avec Bernard Lapasset puis Pierre Camou, encadrement des équipes de France
féminines à partir de 2005 jusqu’en 2016, avec les coupes du Monde 2010 (Angleterre) et 2014
(France). Militante de la promotion des femmes à travers une mixité qui profite à toutes et tous, j’ai
eu la chance d’exercer un mandat au sein de la commission féminine au niveau européen et suis
engagée dans l’association « Femmes mixité Sport » (https://www.femixsports.fr/) qui
propose notamment des formations dirigeant( e)s de nature à relever le défi que constituent les
échéances légales pour la parité dans le sport (2024 pour les fédérations, 2028 pour les ligues).
Pourquoi une nouvelle mission au niveau de la FFR ?
Après la rupture douloureuse de 2016, j’ai repris une activité au sein de la Ligue AURA en 2020.
Thierry Tonnelier m’a confié l’animation de toute la partie « Coupe du Monde » en Auvergne Rhône
Alpes, qui comportait deux sites, Lyon et Saint Etienne. Nous avons beaucoup travaillé, en essayant
de faire partager l’évènement dans les douze départements de la région, notamment avec l’initiative
AURA Tour…. Notre investissement avait aussi une dimension « rugby social club » et de formation
avec Campus 2023….Je suppose que c’est au vu de ce gros travail collectif que Florian Grill a
souhaité de me confier une mission nationale en deux dimensions : Campus 2023 et les services
civiques. Mais je ne suis pas un « électron libre ». Ma mission est rattachée au Pôle territorial de la
FFR dont Jordan Roux a la responsabilité et je vais tout faire pour que ma mission s’intègre bien dans
ce cadre fonctionnel.
Le programme Campus 2023 s’est terminé avec la Coupe du Monde. Votre mission est donc de
faire un bilan ?
Elle est surtout tournée vers l’avenir avec une obsession : faire en sorte que comme le prévoyait le
programme dès sa conception, le rugby puisse développer et mettre en œuvre dans ses clubs, ses
comités départementaux, ses ligues, des compétences nouvelles aux côtés de toutes celles,
multiformes, qui se structurent plus ou moins naturellement sur le volet de la pratique et de la
performances sportives. Campus 2023 était un bien beau projet, avec beaucoup d’exigences et en
conséquence, des réussites et aussi des déceptions. Le bilan sera bien sûr réalisé. Il conviendra d’en
tirer toutes les leçons et d’apprécier en quoi elles pourront contribuer à tracer de nouvelles
perspectives, sans perdre de vue tous les jeunes qui ont bénéficié de la pérennisation de leur emploi.
Leur évolution professionnelle doit être observée finement et sera sans doute très riche
d’enseignements.
Le service civique n’est il pas passé au second plan compte tenu du succès de l’apprentissage ?
Il est important de distinguer les deux notions. L’apprentissage est un parcours de formation dont le
but est d’acquérir des compétences nécessaires à l’exercice d’un métier. Le service civique c’est une
mission d’intérêt général qui complète, sans s’y substituer l’action des bénévoles et le cas échéant
des salariés. C’est une étape de vie, qui doit permettre aux jeunes (le plus souvent de 16 à 26 ans) de
développer de l’expérience à travers l’investissement dans des activités d’utilité sociale. Dans l’idéal
le service civique peut être la rencontre entre le projet personnel du (ou de la) jeune et l’engagement
d’une association dans une mission d’intérêt général
Quels sont les différents domaines que le monde du rugby peut aborder sur le champ d l’utilité
sociale ?
A ce jour, ont été identifiés :
– La sensibilisation à la dimension citoyenne du Rugby dans toutes les catégories.
– Le développement de passerelles entre le monde de l’éducation nationale et la pratique du
rugby pour encourager la pratique physique des jeunes.
– La promotion de la pratique du rugby comme facteur de développement de bienêtre et de la
santé
– La réduction des inégalités dans l’accès à la pratique sportive (inégalité territoriales- QPV et
ZRR- et inégalités liées à la personne (handicap par exemple) ; favoriser l’inclusion sociale
– Le développement de la pratique féminine
– L’éco-responsabilité
Quels sont vos premiers axes de travail ?
Actuellement la FFR recense 370 emplois sur l’ensemble de notre territoire, et a ainsi atteint à 85%
l’objectif qu’elle s’était fixée en contractualisant avec l’Agence Nationale du Service Civique. C’est un
bon résultat qui laisse cependant une marge de progrès.
Nos deux grandes priorités sont la féminisation (faire progresser la part des jeunes femmes parmi les
volontaires effectuant un service civique) et la formation des tuteurs qui doivent accompagner les
volontaires au sein des associations.
Nous devons mettre à jour un certain nombre de documents, dont le livret que nous remettons à
chaque volontaire, et multiplier les informations avec deux cibles complémentaires :
– Les jeunes, car les missions de services civiques n’échappent pas au phénomène de
difficultés de recrutement observé dans de multiples secteurs… Les profils des volontaires
montrent que cette étape de vie peut être une opportunité pour des jeunes au parcours et
aux objectifs très différents… Les conditions d’emploi (24 heures par semaine, durée de la
mission ne pouvant excéder 8 mois, allocation mensuelle de 489.59 euros, complétée par
une indemnité de 111 euros 45) sont bien sûr des éléments importants à prendre en compte
– Les clubs, qui doivent bénéficier de l’agrément collectif qui a été donné à la FFR et qui
restreint le champ de leurs démarches administratives, surtout dans les régions où les Ligues
ont structuré l’accompagnement au montage de dossier. L’information des clubs (et des
comités départementaux) doit aussi porter sur le type d’activités d’utilité sociale qu’ils
peuvent déployer dans leur environnement , tout en respectant une règle intangible : les
volontaires en service civique ne peuvent participer à l’encadrement d’activités sportives
L’ensemble de l’équipe communication de l’APARE souhaite remercier Nathalie Janvier pour le temps accordé dans le cadre de cet entretien.