ÉVOLUTION DES RÈGLES DU RUGBY
Evolution des règles du rugby : du « joli mépris » au triptyque : évolution du jeu, santé des joueurs et qualité du spectacle.
Une plaque de marbre déposée sur le mur extérieur du collège de Rugby (Angleterre) situe et date la naissance du rugby : « cette pierre commémore l’exploit de William Webb Ellis qui avec un joli mépris pour les règles de football telles qu’elles étaient jouées à son époque, le premier prit la balle dans ses bras et courut avec, ce qui donna naissance à la caractéristique distinctive du jeu de rugby ».
L’œuvre colossale de Henri Garcia « la fabuleuse histoire du rugby » (Ed La Martinière) resitue (et relativise) cet « exploit » dans une double dimension :
- Ancestrale, en mettant en lumière l’importance des jeux de balles dès l’Antiquité, leur évolution en Europe (avec une place toute particulière à la soule, pratiquée en France et plus particulièrement en Bretagne, comme un dernier vestige du culte que les Celtes rendaient au soleil (« séaul »). La soule est un énorme ballon de cuir, rempli de son que l’on jette en l’air et que se disputent les joueurs partagés en deux camps opposés. La victoire reste au parti qui a su s’emparer de la soule et a su la porter dans une commune autre que celle ou le jeu a commencé.
- Fondamentale, en datant de 1846 les « règles du football joué à l’école de Rugby », au nombre de 37 et fixant « les principes et la philosophie d’un type de football où la possession de la balle est essentielle et exige pour cela un esprit collectif et un tempérament courageux » (d’autant que la règle XXXII prévoyait que les matchs étaient déclarés nuls après 5 jours ou après trois jours si aucun but n’était marqué !).
Le jeu a bien sûr beaucoup évolué depuis 1846 et ses règles, que les non avertis trouvent complexes, se sont enrichies progressivement à partir de l’observation du jeu (selon Pierre Villepreux, elles ne peuvent être considérées comme « une somme de propriétés mais bien comme la conséquence du mouvement »….), et par la prise en compte permanente de deux préoccupations majeures : la sécurité ou la santé du joueur et la qualité du spectacle, garantissant joie de jouer et intérêt des spectateurs ou téléspectateurs toujours plus nombreux L’évolution de la marque est un exemple éclairant de l’évolution du jeu et de la règle : à l’origine, le seul moyen de marquer était de faire passer, par un coup de pied, la balle entre les poteaux. L’essai, pouvant être marqué sur toute la longueur de la ligne de but n’était que l’acte permettant de tenter le tir au but et n’était pas valorisé dans la marque….Progressivement, l’essai a été récompensé par un point puis 3 puis 4 puis 5, soit bien plus que le coup de pied …et le rugby a cette particularité de valoriser deux zones de marque : la ligne de but et les poteaux, avec une conséquence évidente sur la notion d’affrontement, qui est aménagé par d’autres subtilités fondamentales telles que l’en avant ou le hors-jeu.
Bien d’autres exemples pourraient être donnés (comme l’éloignement des lignes d’attaque et de défenses sur les touches dans les années 60) jusqu’aux cinq modifications expérimentées à partir de la saison 2022/23 (50/22, renvoi sur la ligne de but, coin volant, sanction de certains déblayages, joueurs se liant avant placage) qui ressortent toujours des trois mêmes principes rappelés par World Rugby : « le groupe de révision des règles et le comité de rugby ont formulé des recommandations au Conseil de Wolrld Rugby à la suite d’une évaluation détaillées des données relatives à la santé des joueurs et à la physionomie du jeu, ainsi qu’aux observations des acteurs du rugby, que ce soit les joueurs, les entraîneurs, les officiels de match, les médecins ou le public ».