En juillet dernier, l’équipe de France U20 devenait pour la troisième fois consécutive, championne du Monde de Rugby. Force est de constater que la formation Française porte ses fruits depuis maintenant quelques années, avec l’arrivée dans la grande équipe de France de joueurs passés par les U20.
(Bielle-Biarrey; Gailleton; Woki; Ntamack; etc…)
Pour aborder ce sujet, notamment sur la qualité de la formation des clubs de l’Elite, l’APARE est allée à la rencontre de Sébastien Calvet, manager de France U20, pour un exercice Questions / Réponses…
- Depuis 2018, tous les championnats du monde U20 se terminent sur le même constat identique : « à la fin, c’est toujours la France qui gagne »…Le temps long de domination relativise pourtant l’importance des deux facteurs le plus souvent évoqués :
- Une génération exceptionnelle (fatalement les joueurs de 2023 ne sont as ceux de 2018)
- Un système de formation (ceux de 2018 avaient pour l’essentiel été scolarisés en pôle espoirs, alors que ceux de 2023 ont bénéficié du rapprochement avec les clubs initié par B Laporte)
Alors qu’est qui fait gagner les U20 français ?
Sébastien Calvet :
Les 2 : la montée en compétence de la formation des clubs, un projet de formation fédéral transversal (projet de jeu et indicateurs clefs de performance harmonisés), inscrire les meilleurs dans un parcours (des M18 peuvent jouer la WRC M20, des M20 peuvent jouer la WRC sénior, exemple Louis BB), le courage de certains managers d’équipe professionnelle qui font jouer les jeunes français en Pro,…
2) La performance est multidimensionnelle. Cette évidence n’est pas nouvelle, mais sa prise en compte dans la formation des joueuses et joueurs et dans la gestion des équipes se traduit désormais dans des équipes pluridisciplinaires de plus en plus étoffées et dans l’utilisation de technologies de plus en plus sophistiquées…De votre point de vue, quels sont les domaines d’intervention sur lesquels les clubs d’élite doivent investir davantage dans les prochaines années, en ressource humaine et en matériel?
SC :
L’accompagnement mental nous parait essentiel. Non seulement dans l’accompagnement d’un individu mais aussi l’accompagnement mental d’un groupe, d’une équipe, d’un club !
La confiance est au centre du système de performance fédéral, nous devons être formés à la générer auprès des individus pour qu’elle soit le socle des collectifs.
Dans l’accompagnement mental, entendez bien la dynamique de groupe et l’état d’esprit collectif avant le bien être psychologique. Nous cultivons le plaisir du sport nous ne sommes pas des psychologues !
Dans cette démarche il faut aussi augmenter l’engagement des joueurs dans le projet. Ils doivent être auteurs et acteurs. Les faire contribuer au projet (démarche que l’on doit maîtriser par l’animation d’échanges divers) génère une énergie plus grande liée à plus d’engagement et de croyance. Comment ne pas croire dans un projet que vous avez co-construit ???
3) Les exigences croissantes (quantitative et qualitative) de la formation de haut niveau semblent conduire inévitablement à une concentration des meilleurs talents dans les clubs qui ont le plus de moyens à faire valoir. Cette tendance exacerbe quelques tensions sur les mouvements de joueurs (et aussi depuis peu, de joueuses). Ces tensions s’expriment à plusieurs niveaux : les clubs amateurs vis-à-vis des clubs professionnels, mais aussi entre clubs professionnels. Les réponses actuelles en matière d’affiliation (doubles-licences, indemnités de formation et de mutation, limitation du nombre de joueurs autorisés à jouer les compétitions Alamercery ou Crabos) ou par le format des compétitions (de haut niveau du super challenge de France pour les U14 aux championnats « espoirs ») suscitent bien des réflexions qui prennent aussi en compte une dimension budgétaire….Quels sont les principaux points de vigilance qui vous paraissent devoir être privilégiés dans ces débats ?
SC :
Tout d’abord nous devons rappeler qu’un joueur n’est pas la propriété d’un club, il est libre !
Cependant, on doit rappeler aussi que pour être international Moins de 20 ans, il n’y a pas besoin d’être dans un club dit élite ++
La formation française est bonne avec une bonne complémentarité temps en club, temps en stage élite ou sélection pour les meilleurs.
Les exemples existent déjà : il y a quelques saisons Pierre Bochaton, 2nde ligne de l’UBB aujourd’hui jouait en Equipe de France Moins de 20 alors qu’il jouait pour son club de Borg en Bresse.
Certains palois qui ont participé à la dernière coupe du monde des M20 (LIUFAU, MONDINAT) jouaient en compétition espoirs accession.
Ce qui compte c’est de construire le meilleur parcours pour le joueur : il peut rester dans un club de Nationale et avoir une forte progression ! Ensuite quand ils atteignent le niveau TOP 14 il n’y a que dans cette division qu’ils pourront jouer à ce niveau.
Ensuite, les structures qui ont investies pour leur formation, leur double projet, doivent si le joueur les quitte être dédommagés de manière satisfaisante ! Et à ce niveau la Fédération et la Ligue réfléchissent à mieux les récompenser et peut être même dès le plus jeune âge.
Pour la compétition espoirs, une étude de la DTN à évaluer son niveau satisfaisant en termes de qualité formative mais elle peut être optimisée en évitant la « championnite » et le blocage de joueurs qui sont conservés alors qu’ils ne basculeront jamais dans l’équipe professionnelle.