T Qui Toi ? Présentation de Philippe Jaulin, président de l’association du Stade Français Paris
Bonjour Philippe, quel est ton parcours personnel ?
J’ai 57 ans. J’ai travaillé pendant 20 ans dans la finance puis j’ai démarré une activité de Business
Angel dans laquelle je me suis investi. Mon objectif, c’est d’accompagner les jeunes dans le monde
de l’entreprenariat, j’essaye de transmettre ce que j’ai appris dans ma vie professionnelle.
J’ai une activité qui me permet de dégager du temps, ça a facilité mon engagement au sein de
l’association du Stade Français.
Côté rugby, j’ai pris ma première licence à l’ACBB en 1979. J’ai fait un an puis j’ai arrêté pour faire
du foot mais j’étais un très mauvais gardien de but. La mère d’un copain m’a conseillé de reprendre
le rugby. Du coup, je suis allé dans le club le plus proche de chez moi, au CASG, dans les années
80. J’y ai suivi toute la filière de jeune jusqu’à senior. J’étais capitaine de l’équipe Reichel pendant
les deux ans où le club était en groupe B. J’y ai joué mes premiers matchs en Première jusqu’à la
fusion avec le Stade Français.
Ce sport m’a aussi plu pour les rencontres qu’on y fait. Il m’a construit dans ma vie personnelle et
aussi professionnelle. J’y ai appris le respect des coéquipiers, dont tu as toujours besoin, quel que
soit leur niveau de jeu ou leur milieu social.
J’y ai fait des rencontres assez incroyables, qui durent encore aujourd’hui, c’est la grande richesse
du rugby pour moi. On est un groupe de copains de tous les milieux. On s’est toujours suivi et on ne
s’est jamais lâché. On se voit une ou deux fois par an encore 40 ans après.
Pourquoi t’es-tu lancé dans cette aventure ?
C’est Roger Boutonnet qui m’a demandé de me présenter. Mais je ne voulais pas me présenter pour
ne rien faire. J’ai d’abord refusé parce que pour moi, une association c’est une petite entreprise qui
demande beaucoup d’investissements.
D’un côté, je m’étais organisé pour avoir une qualité de vie, sans salariés à gérer, à faire des choses
qui me plaisent, avoir du temps. Et il y avait ce projet attirant avec une politique du club sur la
formation des joueurs, sur le double projet éducatif sportif qui me plaisait.
Le sociétal m’intéresse beaucoup aussi. On a des associations pour les étudiants, des collectes de
jouets, des choses qui ne sont pas le pôle compétition et formation, mais qui sont des sujets qui font
partie pour moi de l’association, des valeurs du rugby. C’est important pour nos joueurs et pour la
société.
J’ai demandé un peu de temps de réflexion. Je suis allé un peu en sous-marin au sein de
l’association pour rencontrer tous les responsables de pôle, de l’école de rugby, faire les buvettes,
écouter, voir ce qui se passait, comment ça marchait, prendre le pouls. Ce que j’ai ressenti tout de
suite c’est qu’il fallait remettre de la communication partout et embarquer tout le monde, fédérer à
nouveau.
Je me suis dit, bon, ça va être un gros boulot, ça veut dire que si j’y vais ce sera quasiment à plein
temps, il va falloir vraiment que je mette la main à la pâte, recommencer à la base.
C’est ma femme qui m’a dit : « écoute Philippe, si tu n’y vas pas, je pense que tu vas regretter, tu
manges, tu dors rugby, c’est ton club, c’est un poste qui est intéressant même si ça prend du temps ».
Elle m’a fait basculer sur l’idée d’accepter de me présenter à la présidence.
J’ai dit ok, je me suis présenté et les adhérents de l’association m’ont élu fin mai 2024. J’avais aussi
l’adhésion de la SASP, c’est important pour le bon fonctionnement du club.
Et quel est ton bilan avec un peu plus de six mois de recul ?
J’avais notamment une priorité, demandée depuis des années par la SASP qui est notre bailleur de
fonds, c’est d’avoir des budgets cohérents. J’ai poursuivi le travail commencé par mon prédécesseur
avec la mise en place d’outils technologiques qui permettent de suivre les engagements de
dépenses, pôle par pôle, d’avoir une compta analytique,…
J’ai mis de la transparence dans le fonctionnement. Nous avons construit tous les budgets par pôle
collégialement de la même façon. Tout le monde sait, c’est clair. Il n’y a rien de caché.
Cela m’a permis de fédérer les gens, notamment l’opposition. C’est un peu une victoire parce la
chose la plus importante, c’était de donner l’envie aux gens d’avancer tous ensemble.
Si les 6 premières mois, la priorité a été le travail sur le budget, la maîtrise des coûts, maintenant,
c’est la recherche de partenaires. On commence à avoir un peu de résultats, on est déjà à 80% de
l’objectif.
Une des premières choses que j’ai faite aussi, c’est de faire un point avec tous les entraîneurs, tous
les éducateurs, tous les dirigeants du club, pour que chacun puisse se connaître, savoir qui est qui.
Je crois que les gens étaient très contents de pouvoir se réunir et de se connaître un peu plus.
Tout cela était primordial et je pense que ça a amené de la confiance avec la SASP. On a créé un
lien de confiance qui nous permet d’être plus autonome pour mener à bien les nombreux projets
définis par la politique du club.
Quelles sont les difficultés que tu as rencontrées ?
J’ai bien senti un moment d’observation ou des gens sur la retenue. On connaît tous les débuts de
saison, les licences, les doubles licences, la partie administrative, il peut y avoir des erreurs et tout
de suite ça s’emballe ! Donc j’ai fait paratonnerre et j’ai pris toute la responsabilité.
J’ai senti qu’il y avait beaucoup d’attentes et beaucoup de doutes sur la capacité de changement. J’ai
été transparent. C’est aussi l’avantage d’avoir joué avec beaucoup de gens, ils connaissent, mes
capacités d’organisateur et de manager.
Ils ont aussi vu quelqu’un qui va s’occuper des dotations des 800 joueurs, qui va aller faire le
barbecue à l’EDR, alors que je suis chef d’entreprise, je fais le boulot comme tous les bénévoles.
Être présent, participer, c’est aussi montrer que je suis investi.
L’autre énorme avantage, c’est que je suis présent tous les jours. J’ai fait mon bureau au stade et il
est ouvert. Alors maintenant, tout le monde m’appelle pour tout et n’importe quoi ! C’est le revers de
la médaille, mais c’est plutôt bon signe !
J’insiste sur l’importance de la transparence, de la communication et de l’accessibilité pour gagner la
confiance des membres de l’association, ainsi que sur la nécessité d’échanger des informations pour
mieux comprendre les défis et avoir l’engagement de tous car le fonctionnement repose beaucoup
sur l’engagement des bénévoles.
L’APARE, c’est quoi pour toi et qu’est-ce que tu en attends ?
C’est Georges qui me représente à l’APARE parce que je sais que c’est son bébé, qu’il aime ça, qu’il
maîtrise et c’est super.
Je me suis rendu compte de la force de l’APARE en allant à Toulouse. Voir les deux candidats à la
FFR m’a permis de me faire une conviction.
C’est une force de proposition auprès de nos instances et elles vont passer par l’APARE pour faire
passer des projets comme la refonte des compétitions.
Lors de la réunion à Paris, j’ai apprécié la qualité des intervenants sur des thèmes passionnants. Ca
m’a ouvert un spectre de sujets qui m’interpellent comme le DUERP par exemple.
On est vite noyé dans le quotidien de nos associations. Ce que j’attends de l’APARE, c’est de
trouver mes réponses ou des aides pour être au fait des sujets qui sont primordiaux pour nous. En
tout cas, aujourd’hui, ce dont je suis certain, c’est que l’information dont on a besoin, elle est déjà
là.
On a une bibliothèque d’information qui existe, il faudrait peut-être faciliter le fait que quand tu
cherches un sujet, tu puisses le trouver facilement dans MyTeamLink ou sur le site Internet. Il y a
une mine d’informations qui sont fondamentales pour nos associations. C’est pour moi quelque
chose d’hyper important et qu’il faut utiliser beaucoup plus.
Si j’ai une question, je sais que je vais pouvoir échanger avec les membres, notamment avec des
présidents qui sont là depuis longtemps et qui ont vu les évolutions. Il y a un vrai échange, il y a une
écoute de chacun. Ça nous permet de confronter des problématiques qui ne sont pas forcément les
mêmes, mais on peut comprendre un peu plus ce que vivent d’autres associations.
Je pense que c’est très important de pouvoir échanger, discuter sur une multitude de sujets. Je sais
qu’aujourd’hui, demain, si j’ai un sujet je trouverai des réponses auprès de l’APARE et pourrai
échanger.
Pour moi, l’APARE, c’est un peu l’institut des savoirs de nos associations.